MICI et Dysplasie

MICI et Dysplasie

Après un temps d’évolution de plus de 10 ans, la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn de localisation colorectale exposent au risque de survenue d’un cancer colorectal survenant sur des lésions de dysplasie. Il est donc important de détecter ces lésions de dysplasie si possible avant l’apparition du cancer.

La dysplasie, qui est donc une lésion pré-cancéreuse, peut être de bas grade ou de haut grade. Ces deux types de lésion peuvent coexister. Sur le plan macroscopique, elles se présentent sous plusieurs aspects :

1. Lésions en relief, visibles endoscopiquement.

Il peut s’agir de lésions de type DALM (dysplasia associated lesion mass), qui se présentent sous la forme de polypes ou de plaques ou encore de masses en relief, uniques ou multiples habituellement non résécables. Fait important, les biopsies faites en périphérie de la lésion visible montrent la présence de dysplasie plane. Les lésions de DALM sont associées dans plus de 40% des cas à un cancer invasif synchrone ailleurs sur le cadre colique. La découverte d’une lésion de DALM est donc une indication formelle à la colectomie, quelque soit le grade de la dysplasie sur les biopsies.
Il peut s’agir de lésions de type ALM (associated lesion mass), qui se présentent sous la forme de polypes survenant en zone de colite avec des lésions de dysplasie en son sein mais les biopsies faites autour de la lésion ne montrent pas de dysplasie. Ces lésions sont parfois difficiles à différencier d’un adénome sporadique développé indépendamment de la MICI. La découverte d’une lésion d’ALM incite à en faire la résection endoscopique en multipliant les biopsies autour de la lésion. Si celles ci sont négatives, le programme de surveillance coloscopique peut être poursuivi. Si elles montrent de la dysplasie, c’est une indication à une colectomie car on se retrouve dans le cas de figure d’une DALM envisagé plus haut.

2. Lésions planes, non visibles en endoscopie sauf en chromoendoscopie, habituellement découvertes sur des biopsies faites à tire systématique lors d’une coloscopie de surveillance. La conduite à tenir dépend du grade de la dysplasie. La présence de lésions planes de dysplasie de haut grade est une indication chirurgicale car le risque de cancer colorectal synchrone est de 40%, le risque de progression vers le cancer colorectal est de plus de 30%. Cependant, l’affirmation du haut grade n’est pas toujours facile et il faut donc le faire confirmer par deux anatomopathologistes confirmés. La présence de lésions planes de dysplasie de bas grade comporte également un risque de présence de lésions synchrones de haut grade et de cancer colorectal, ou d’évolution vers ces même lésions. Mais là encore plus que précédemment, la difficulté vient des variations observées entre des anatomopathologistes différents pour porter le diagnostic de dysplasie plane de bas grade. L’indication de la chirurgie n’est donc pas aussi systématique que pour les lésions de haut grade, et l’alternative est une surveillance coloscopique rapprochée. La chirurgie est indiquée si des lésions de bas grade sont retrouvées de manière répétée, confirmées par deux ou plusieurs anatomopathologistes experts.

Références :

  • Ullman T, Croog V, Harpaz V et al. Progression of flat low-grade dyspalasia to advanced neoplasia in patients with ulcerative colitis. Gastroenterology 2003; 125: 1311-19
  • Flejou JF. Lésions pré-cancéreuse et MICI. Aspects anatomopathologiques. Gastroenterol Clin Biol 2004 ; 28 : B1-B9
  • Thomas T, Abrams KA, Robinson RJ, Mayberry JF. Meta-analysis : cancer risk of low-grade dysplasia in chronic ulcerative colitis. Aliment Pharmacol Ther 2007; 25: 657-668