PET-scan et récidive de cancer colorectal

PET-scan et récidive de cancer colorectal

Introduction: Malgré l’amélioration des traitements, près de la moitié des cancers colorectaux récidivent après une chirurgie curative. Les sites de récidive les plus fréquents sont par ordre décroissant le foie, les poumons, le péritoine et les récidives locales (rectum). Dix à 15% des patients qui récidivent peuvent espérés être réopérés, avec une survie attendue de 20 à près de 50% selon les séries et la localisation de la récidive (1).

La récidive peut être identifiée cliniquement, radiologiquement ou biologiquement en cas d’élévation du taux d’ACE.Cependant, la sensibilité de l’imagerie conventionnelle (échographie, scanner et IRM) à détecter une récidive d’un cancer colorectal n’excède pas 52 à 78%. La sensibilité de la tomographie par émission de positrons (TEP) est bien meilleure, estimée à 97% avec une spécificité de 76% dans une méta analyse publiée en 2000 (2). La place de cet examen dans la surveillance des patients opérés d’un cancer colorectal reste cependant à définir. Cette place par rapport au scanner a été évaluée dans une étude prospective randomisée multicentrique menée entre 2001 et 2004.

Methodes: Les critères d’inclusion dans l’étude étaient d’avoir eu une résection curative d’un cancer colorectal à haut risque de récidive, c’est à dire stade 3 (métastases ganglionnaires) ou 4 (métastases hépatiques réséquées). Les patients ont été suivis tous les 3 mois après l’opération par un examen clinique, le dosage de l’ACE et une imagerie conventionnelle. Dans le cadre de cette surveillance, l’imagerie conventionnelle à 9 et 15 mois devait obligatoirement être un scanner thoraco-abdomino-pelvien . En plus de ce scanner, les patients randomisés dans le bras TEP avaient aussi un TEP à 9 et 15 mois. Le but de l’étude était de voir si l’addition du TEP permettait d’améliorer la détection des récidives. Cent trente patients ont été inclus, 65 dans chaque bras. Cinq patients du groupe TEP ont été exclus après la randomisation du fait de données manquantes. Les deux groupes n’étaient pas différents.

Résultats : Quarante quatre patients (34%) ont récidivé , 23 (35%) dans le groupe TEP et 21 (32%) dans le groupe conventionnel (p=0.6). La récidive a été confirmée par des biopsies dans 27 cas (15 du groupe TEP et 12 du groupe conventionnel.). En intention de traiter, le délai de la récidive n’était pas différent dans les deux groupes. (Fig 1)

Par contre, si on ne s’intéresse qu’aux patients qui ont récidivé, ce délai était plus court dans le groupe TEP (12.1±3.6 mois) que dans le groupe conventionnel (15.4±4.9 mois). Une ré intervention à visée curative a été effectuée chez 17 des 44 patients, 15 du groupe TEP et 2 du groupe conventionnel. Une résection curative R0 a été réalisée plus souvent dans le groupe TEP (10/23 patients, 43.5%) que dans le groupe conventionnel (2/21, 9.5%). Le TEP était le seul examen positif chez 6 des 10 patients du groupe TEP ayant eu une résection curative. Le TEP a permis de détecter 3 autres tumeurs (1 GIST gastrique, et 2 tumeurs pulmonaires primitives. Il y a eu 2 faux positifs (un noyau de sarcoïdose sur une pièce de lobectomie gauche et un infiltrat inflammatoire du pelvis pris pour une récidive locale) Après un suivi de 24 moi, 9 des 44 patients sont décédés, 3 dans le groupe TEP et 6 dans le groupe conventionnel.
Conclusion: Les résultats de cette étude suggèrent que le TEP pourrait avoir un intérêt dans la surveillance des patients opérés d’un cancer colorectal à haut risque de récidive, en réduisant le délai entre l’intervention et le diagnostic de la récidive et en permettant une augmentation du nombre des exérèses curatives des récidives. Ces résultats pourraient encore être améliorés du fait de la nouvelle génération des machines TEP offrant une meilleure résolution et couplant TEP et scanner injecté. Il restera à déterminer si au bout du compte la survie globale des patients porteurs d’une cancer colorectal s’en trouve améliorée.

Références:

  • Watson AJM, Lolohea S, Robertson GM, Frizellz FA. The role of Positron Emission Tomography in the management of recurrent colorectal cnacer: a review. Dis Colon Rectum 2007; 50: 102-14
  • Huebner RH ; Park KC, Lerma H et al. A meta-analysis of the literature for wholebody FDG PET detection of recurrent colorectal cancer. J Nucl Med 2000; 41: 1177-80