Résections des cancers colorectaux T4

Résections des cancers colorectaux T4

La mise en évidence d’une adhérence entre une tumeur colorectale et un organe adjacent doit faire suspecter une extension tumorale. La règle est alors de faire une résection emportant l’organe ou une partie de l’organe adhérent pour ne pas rompre la surface d’adhésion tumorale. Enfin, la notion du caractère T4 d’une tumeur colorectale fait classer ces tumeurs dans les tumeurs à risque de récidive et discuter systématiquement une chimiothérapie adjuvante même s’il n’y a pas d’extension ganglionnaire. Le but de notre étude a donc été d’évaluer les facteurs influençant les résultats oncologiques des résections multi viscérales pour cancers colorectaux localement avancés.

Patients et Méthodes

De Janvier 2000 à Décembre 2010, tous les patients opérés d’un cancer colorectal avec suspicion peropératoire d’envahissement d’au moins un organe de voisinage ont été inclus. Les caractéristiques démographiques, tumorales, chirurgicales et de suivi ont été analysés.

Résultats

Cent cinquante-trois patients (63.1 ans, 53 hommes) avaient une suspicion clinique de lésion T4. Une résection monobloc a été achevée chez 145 patients (94.8%). La tumeur primitive été d’origine colique chez 82 patients et rectale chez 71 patients. Le nombre moyen d’organes reséqués était 1.6 et une pelvectomie a été réalisée chez 17 patients. Cent neuf patients (71%) ont été classés pT4 dont 96 avec invasion d’au moins un organe adjacent (pT4b). Une instabilité microsatellite (MSI) était présente dans les tumeurs de 15 patients (11%). Un patient est décédé dans les suites opératoires (mortalité 1%) et une complication chirurgicale au moins a été observée chez 19 patients (morbidité 13%). Soixante-neuf patients (45%) avaient de la chimiothérapie en postopératoire. La survie globale à 5 ans est de 86%, la survie sans récidive de 61% et le taux de récidive locale de 10%. La présence de métastase hépatique synchrone et surtout la résection synchrone de ces métastases étaient un marqueur de très mauvais pronostic à la fois pour la survie globale et la survie sans récidive. En excluant ces patients avec métastases synchrones de l’analyse, le caractère MSI de la tumeur était un marqueur de bien meilleur pronostic de survie sans récidive ainsi que le caractère réellement envahi de l’adhésion tumorale et une marge saine.

Conclusion

Les résections multi viscérales pour cancer colorectal avec suspicion d’envahissement d’organe de voisinage permettent d’escompter sur une tr.s bonne survie au prix d’une morbi-mortalité acceptable. En cas de tumeurs MSI, le pronostic est excellent. En revanche, le bénéfice de ces résections multiples est faible en cas de métastases hépatiques synchrones.