La Polypose Adénomateuse Familiale fait partie des maladies prédisposant au cancer colorectal, représentant environ 1 à 2 % de ces cancers.
Présentation clinique de la Polypose Adénomateuse Familiale:
Les patients atteints présentent une multitude de polypes dans le côlon, avec une prévalence estimée à environ 1 cas pour 10 000 individus. Sans intervention, ces polypes évoluent presque inévitablement vers un cancer colorectal. L’âge moyen de diagnostic d’un cancer chez ces patients est de 39 ans, tandis que les cas avant 20 ans sont rares. Cette pathologie peut également s’accompagner de manifestations extracoliques variables d’un individu à l’autre, notamment une hyperplasie de l’épithélium pigmentaire de la rétine, des polypes duodénaux, des tumeurs desmoïdes, des ostéomes et des cancers thyroïdiens, entre autres.
Génétique de la Polypose Adénomateuse Familiale :
La polypose adénomateuse familiale (PAF) est une maladie à transmission autosomique dominante, avec une pénétrance proche de 100 %. Elle résulte d’une mutation congénitale du gène APC (GenBank ID : 324). Ce gène, constitué de 15 exons et codant pour une protéine de 2843 acides aminés, comprend une séquence de 8532 paires de bases. On estime que 20 à 25 % des cas de PAF sont dus à des mutations de novo sur ce gène (cela veut dire que l’on ne trouve pas d’antédécent dans la famille et que le patient attein est le premier de sa famille). Par ailleurs, une mutation germinale d’APC est identifiée dans environ 70 à 80 % des cas de polypose adénomateuse classique.
Prise en charge de la Polypose Adénomateuse Familiale :
La prise en charge est encadrée par des recommandations de pratique clinique, telles que celles de l’INCA (2009) et du groupe de Majorque (2024). Le dépistage des polypes colorectaux doit commencer dès l’âge de 10 à 12 ans. L’indication et le type de chirurgie prophylactique (colectomie totale ou coloproctectomie totale) dépendent des constatations endoscopiques, et non de la mutation germinale identifiée.
En général, la chirurgie prophylactique est réalisée entre 20 et 25 ans, selon le nombre de polypes. Lorsque le rectum contient moins de 5 polypes, sa conservation est possible, mais nécessite une surveillance endoscopique annuelle. Désormais, ces interventions sont souvent réalisées par coelioscopie, sans recours systématique à une iléostomie de protection, ce qui réduit le traumatisme pariétal et la morbidité associée à ce type de stomie.
Après une colectomie totale, les principales causes de mortalité sont liées aux polypes duodénaux, qui peuvent évoluer en cancer, et aux tumeurs desmoïdes. Un dépistage par endoscopie haute à vision latérale tous les trois ans est essentiel. Le traitement des polypes duodénaux repose généralement sur une exérèse endoscopique, bien qu’une chirurgie prophylactique (duodénopancréatectomie céphalique) puisse être nécessaire dans de rares cas. Cette intervention s’accompagne cependant d’une lourde morbidité.
Les tumeurs desmoïdes représentent la complication extracolique la plus redoutable et la première cause de mortalité après une chirurgie prophylactique colorectale. Aucun traitement préventif n’existe actuellement. La prise en charge de ces tumeurs (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie ou simple surveillance) dépend de leur localisation (paroi abdominale, racine du mésentère, membres), de leur taille, de leur évolution et de leur impact clinique.
Lien pour émission ALLO Docteur sur la Polypose Adénomateuse Familiale : ICI